Cette étude de cas, préparée par le Forum d'innovation en santé en collaboration avec le chirurgien orthopédiste, Ken Hughes, et la directrice de projet, Cindy Roberts, examine comment l'hôpital de Richmond a introduit des horaires décalés pour les arthroplasties de la hanche et du genou afin d'améliorer l'efficacité. — Produite dans le cadre du programme 2008 de l'IASI-CUSM .

L’enjeu

Voulant réduire les temps d’attente pour les interventions chirurgicales et rattraper le retard dans les remplacements de la hanche ou du genou, la Colombie-Britannique est intervenue à toutes les étapes du processus, de la recommandation du patient jusqu’à la réadaptation post-opératoire. Toutefois, pour atteindre l’objectif, il a fallu augmenter considérablement le nombre d’interventions pratiquées.

La réponse

En 2004, l’Hôpital de Richmond, établissement communautaire relevant de la Vancouver Coastal Health Authority, adoptait un modèle fondé sur les meilleures pratiques afin d’effectuer à faible coût un volume élevé de remplacements de la hanche et du genou. L’équipe multidisciplinaire de l’hôpital cherchait à obtenir des résultats optimaux grâce à l’utilisation efficace des ressources du bloc opératoire, la standardisation de l’équipement, des prothèses et des fournitures, la préparation des patients et la prise en charge post-chirurgie.

Dans un premier temps, on a commencé à décaler l’horaire des interventions dans deux salles d’opération, de manière que les chirurgiens puissent passer d’une salle à l’autre dès que le patient était prêt. Grâce à cette mesure et à la coordination des unités chirurgicales post-opératoires, les équipes ont pu réaliser huit remplacements ou reconstructions par jour, au lieu de trois. Dans un deuxième temps, on a normalisé les procédures et les pratiques cliniques : les équipes ne travaillaient désormais qu’avec un type de prothèse, ce qui a grandement facilité le travail des infirmières et permis à l’hôpital de négocier de meilleurs prix. Ces deux mesures ont accru de 25 % l’efficacité du bloc opératoire et de 136 % le nombre d’interventions effectuées. Le temps d’attente pour une chirurgie s’est amélioré de 75 %, passant de 20 à 5 mois. Depuis, les deux salles d’opération de l’Hôpital de Richmond bénéficient du rendement optimal de la spécialisation, semblable à celui qu’on observe dans des centres privés.

Aux patients qui ont besoin d’une intervention plus longue — c’est-à-dire qui ne peuvent être admis au cours d’une journée où l’on effectue huit opérations — ou d’une prothèse différente du modèle standard, on réserve d’autres journées.

Grâce à un financement spécial de 1,3 million de dollars provenant du gouvernement provincial, des Services de santé provinciaux, de la Vancouver Coastal Health Authority et de la Fondation de l’Hôpital de Richmond, le projet dispose désormais d’un directeur à temps plein, d’équipement, d’outils de recherche et d’évaluation, d’une salle d’opération nouvellement rénovée et d’un nouvel équipement pour le bloc opératoire.

Les retombées

Des installations orthopédiques spécialisées avaient déjà adopté certaines idées mises en œuvre à l’Hôpital de Richmond, mais l’expérience a montré qu’il est possible de les adapter dans un hôpital communautaire. Désormais, le modèle est pleinement intégré aux activités de l’hôpital et le groupe de Richmond a élaboré une trousse d’arthroplastie. Celle-ci est mise à la disposition d’autres centres chirurgicaux qui souhaitent exploiter plus efficacement leurs ressources existantes.

Le modèle a d’ailleurs été retenu par le Centre d’innovation chirurgicale de l’Université de la Colombie-Britannique, à qui l’on a confié le mandat d’accélérer à l’échelle de la province les remplacements de la hanche et du genou pour les patients à faible risque qui attendent une intervention depuis plus de 26 semaines. Une somme de 25 millions de dollars a été affectée à cette mesure. Le Centre, qui dispose de quatre salles d’opération spécialisées, de 38 lits et de 25 chirurgiens, compte effectuer 1 600 interventions par année.

Les possibilités d’élargissement

Cependant, l’efficacité accrue des salles d’opération ne réussira pas à elle seule à réduire les temps d’attente. Un projet complémentaire, le système d’intégration des services en ostéoarthrite (OASIS), a été mis sur pied par la Vancouver Coastal Health Authority afin de combler d’importantes lacunes dans le traitement de patients souffrant d’ostéoarthrite. Il s’agit de mieux coordonner les soins primaires, les soins communautaires, les soins à domicile et les soins hospitaliers. À partir du moment où l’on décide de réaliser l’intervention, une équipe multidisciplinaire prend la relève et s’occupe de préparer les patients et de planifier la réadaptation. L’un des objectifs du projet est d’empêcher une détérioration de la santé chez les patients en attente d’une chirurgie et les patients qui ne sont pas aptes à subir une intervention.

D’autres services chirurgicaux ont bénéficié des résultats optimaux réalisés dans ce projet, dont plusieurs étaient transférables à d’autres services. Ces derniers ont ainsi amélioré le taux de roulement des chariots contenant l’équipement pour les interventions, la disponibilité des porteurs, le nettoyage des salles d’opération et d’autres fonctions. En s’attaquant aux goulots d’étranglement dans l’acheminement des patients, on a réduit les délais dans la préparation des patients pour la salle d’opération et dans le transfert des patients de la salle d’opération à l’unité des soins post-anesthésie.