Cette étude de cas a été préparée par le Forum d'innovation en santé, avec la collaboration de Mme Marla Gold et Dr Mark Smilovitch du programme d’amélioration de la santé cardiovasculaire de McGill (CHIP). — Produite dans le cadre du programme 2008 de l'IASI-CUSM.

L’enjeu

On constate une réduction de 25 % du taux de mortalité chez les patients victimes d’une crise cardiaque ou d’un pontage qui participent à des programmes de réadaptation axés sur les facteurs de risque modifiables. Au Canada cependant, seulement 15 % des patients bénéficient d’un programme structuré après avoir subi une crise cardiaque. La plupart quittent l’hôpital après un séjour de courte durée, sans réel plan de réduction des risques d’une récidive. Dans certains cas, on « prescrit » un programme d’exercice, d’abandon du tabac ou de nutrition, mais les patients sont laissés à eux-mêmes pour passer à l’action. D’autres estiment que les clubs sportifs commerciaux ne sont pas prêts à accueillir les gens souffrant de maladies cardiovasculaires.

La réponse

Le programme d’amélioration de la santé cardiovasculaire de McGill, mieux connu sous son acronyme anglais CHIP, est un programme sans but lucratif de prévention et de réadaptation cardiaques, fondé par une équipe de médecins et autres professionnels du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

Constatant que leurs patients n’avaient aucun programme pour les aider à prévenir une seconde crise cardiaque, six cardiologues ont lancé le CHIP en 1996. Les bureaux du groupe se situent au Atwater Club, un club sportif privé au centre-ville de Montréal. Le but du programme est d’aider les patients à suivre un programme d’exercices supervisé pendant la convalescence et d’adopter un mode de vie qui contribuera à prévenir une autre crise.

Les patients sont dirigés vers le programme à leur congé de l’hôpital et suivis par un médecin du CHIP tout au long du programme. En moyenne, chaque médecin consacre une demi-journée par semaine à surveiller et à évaluer la condition physique des participants pour déterminer leur réponse cardiaque à l’exercice. Au moment de son inscription, le nouveau participant voit un médecin spécialisé en prévention et réadaptation cardiovasculaires, puis rencontre individuellement un physiologiste de l’exercice qui élaborera un programme d’entraînement en fonction de sa condition physique. Les participants suivent ensuite trois séances d’entraînement supervisées par semaine, durant 12 à 16 semaines, et voient régulièrement le médecin. Le Dr Steven Grover, directeur médical du programme, croit qu’il faut entre trois et six mois pour que la personne intègre l’exercice à sa routine quotidienne.

L’équipe du CHIP se compose de cardiologues, d’internistes, de médecins de famille, de physiologistes de l’exercice, d’infirmières, de diététistes et de psychologues. Quelque 120 patients participent au programme en tout temps : 30 % par souci de prévention et 70 % pour fins de réadaptation.

Les médecins sont rémunérés par la régie d’assurance maladie (paiement à l’acte) et les participants déboursent entre 760 $ et 965 $ pour un programme de 12 semaines comprenant 36 séances supervisées. Les assureurs privés remboursent souvent une partie des coûts, et certains participants peuvent avoir accès à une aide financière. Les frais de participation couvrent 50 % des coûts du programme, le reste provenant de commanditaires et d’activités de financement.

Les retombées

Le défi est toujours le même : amener plus de médecins à recommander le programme à leurs patients. « Nous devons mieux informer les médecins de l’existence et des avantages du programme », explique la directrice Marla Gold, qui a récemment fait équipe avec les départements de cardiologie du CHUM pour fournir aux patients, à leur congé de l’hôpital, une trousse d’information sur le programme. Idéalement, ces derniers devraient s’inscrire dans les deux à six semaines suivant leur congé.

Les résultats de la réadaptation cardiaque encourageront peut-être les médecins à diriger plus de patients vers le CHIP et à promouvoir l’élaboration de programmes partout au pays. Le CHIP poursuit une mission éducative en ce qu’il permet à des chercheurs d’étudier les avantages de programmes d’exercice structurés sur diverses maladies. En 2001, l’Ontario a lancé plusieurs projets-pilotes en réadaptation cardiaque et on y a récemment créé un registraire pour faire le suivi des résultats, surveiller les listes d’attente et effectuer de la recherche. On y trouve plusieurs programmes, allant des installations ultramodernes de l’Institut de cardiologie (Université d’Ottawa) à la gestion téléphonique de programmes d’exercices individuels.

Les possibilités d’élargissement

Le CHIP a récemment élargi sa mission, ajoutant à ses programmes actuels — réadaptation cardiaque et prévention du diabète et de la cardiopathie chez les adultes — un programme d’exercice pour adolescents qui souffrent d’obésité et présentent un risque accru de maladie cardiaque ou de diabète précoces, ainsi que la réadaptation après traitement d’un cancer.

La réadaptation cardiaque peut réduire l’invalidité consécutive à une crise cardiaque ou autre maladie cardiovasculaire et prévenir une seconde crise. Les unités et établissements de soins cardiaques qui n’ont pas le matériel nécessaire pour l’exercice peuvent travailler en partenariat avec des installations sportives communautaires, publiques ou privées. Selon le mode de rémunération des médecins en vigueur dans la province et les structures de soutien aux patients, il existe de nombreuses formules permettant de financer de tels partenariats.

Répertoire des programmes de réadaptation cardiaque au Canada